Réveil poétique
Plus que jamais la poésie
Peut adoucir nos vies
Nul pass nécessaire
Pour admirer Césaire
Nul besoin d'une terrasse de bistrot
Pour vibrer avec Hugo
Se plonger dans la correspondance d'un Flaubert
Peut s'assortir d'un verre
Cheminer le long d'un pont
En se récitant Aragon
Les vers d'un Baudelaire, d'un Apollinaire
Ne vous priveront jamais d'air
Marcher un kilomètre sur les baies
Et murmurer les sonnets Louise Labé
Mon esprit est un temple de poésie
Qui souffle les vers de ma vie
Tous poètes, ont gagné l'éternité
Au réveil, ils ont susurré
"Notre force se distille dans tes veines
Nul besoin d'être en peine"
Matin bonheur- Chronique d'une confinée 2
Eveillée, esprit et corps apaisés, ce matin, nulle anxiété.
Je scrute l’heure et me réjouis à la promesse de cette journée. Je m’étire doucement et enfonce ma mine encore assoupie dans mon oreiller puis je glisse une jambe à l’extérieur de ma couche, l’autre enfin, me voici levée, prête à dévorer le jour qui s’offre à moi.
La lumière n’éclaire pas encore ma demeure, je la devance et c’est ce qui m’enchante. Ces heures devant moi, juste pour moi, seule dans cet espace silencieux où tout devient loisible.
Chaque matin est pour moi comme une renaissance dans lequel s’élabore un rituel réconfortant et savoureux.
S’hydrater et sentir s’écouler en moi comme des milliers de conduits bénéfiques et bienveillants qui viendraient en douceur réveiller peu à peu mon corps.
Avoir cette sensation des plus agréables d’entrer en pleine conscience d’un tout.
Retirer le couvercle de ma boîte à café et humer le doux parfum qui s’en dégage. Appliquée et disciplinée, préparer le filtre et en plier les rebords, y déposer le contenu de la dosette. Verser l’eau et tendre l’oreille.
Regarder par la fenêtre et remarquer la lumière qui éclaire à peine le monde.
Enclencher l’interrupteur de l’appareil et s’ébaudir de cette mélodie familière.
Avec lenteur, le café s’écoule
D’un rythme régulier, la machine ronfle berçant avec délices mes pensées
Dernières fulminantes pétarades de la diffuseuse de bonheur
La fumée tourbillonne,
la cuisine est en fête !
Je souris.
Patience !
Quelques gouttes encore, c’est le moment de laisser s’écouler l’élixir sombre chaud, fumant et parfumé.
Porter le contenant à ses lèvres,
Retarder encore l’instant tant désiré, humer ...encore…
Quel bonheur!
Cette première gorgée sera la seule, l’unique, à posséder cet enchantement des papilles…
Alors je prends mon temps et je m’apprête à m’enivrer de cet instant
Sereine et confiante car
chaque matin sera une occasion nouvelle
de réactiver ce petit bonheur.
29/03/2020
Chronique d'une confinée - 1 Je m'éveille
Je m’éveille et le temps d’un instant, une seconde peut-être deux, je me sens bien, si apaisée.
Je suis dans cet entre-deux. Dans ce court instant où le sommeil vous quitte tandis que la vie vous anime peu à peu. Je sens que le sommeil s’éloigne, je veux le retenir, je m’y accroche car je sais que bientôt j’entrerai à nouveau en pleine conscience du monde.
Je suis éveillée… J’avais cru pourtant…que…tout était comme avant. Le temps d’un instant, juste avant de laisser ma nuit derrière moi.
Pourtant…Il y a encore quelques jours, les gens mourraient mais je n’y pensais pas. Auparavant, dans cette temporalité de l’ordinaire, nous étions habités par nos habitudes, par une sorte de quiétude inconsciente, pensant maîtriser, préoccupés par nos rôles à tenir, nous nous pensions à l’abri.
Soudain nous contemplons nos pays voisins, encore convaincus de notre invulnérabilité. Tout cela était bien triste toutefois, cela ne nous atteignait pas vraiment.
Soudain le couperet. Chaque jour une mesure prise et nous voici aujourd’hui tous démunis.
Chaque regard porté sur l’autre, sur l’inconnu, le voisin, l’ami devient suspicieux. Notre cœur s’emplit de tristesse à la pensée de ne plus vouloir approcher l’autre. Il y a quelques heures encore, bras dessus, bras dessous, nous chantions ensemble, nous trinquions, nous nous prenions la main, nous nous embrassions, nous portions sur une épaule, une main compatissante. Nous retirions de notre doigt, la larme qui glissait sur cette petite joue humide et ce nez reniflant le chagrin d’une cour d’école. Se tenir à distance de ceux que l’on aime, ne plus oser embrasser ses proches tout en sachant que si l’un est infecté, tout le foyer l’est aussi. Tenter un contrôle là où tout est déjà joué…ou presque.
L’attente
Vivre comme d’ordinaire avec cette sourde menace des premiers symptômes qui pourraient se manifester mais néanmoins vivre.
Vivre, résolus de traverser cette crise Résolus de protéger plus que jamais ses essentiels Résolus de patienter et de se recentrer
Prêt à réapprendre, prêt à savourer, prêt à reprendre son ordinaire Se tenir prêt à traverser les forêts, à sentir sous ses pas les feuilles sèches.
Humer les doux parfums des arbres de ma colline à l’aube, lorsque certains sont encore endormis
Sentir le sel d’une eau bien trop chaude m’entourer de sa douceur
Laisser le soleil chauffer mon visage et fermer les yeux pour mieux admirer
Confinons nos corps mais ouvrons nos âmes et préparons-nous à vivre intensément pour peu à peu s’habituer et oublier à nouveau
Oui je m’éveille avec cette pleine conscience du bonheur de vivre et d’aimer
Je m’éveille…
Mercredi 25 Mars 2020
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